Et puisque nous y sommes, toute notre petite équipe vous souhaite de passer un joyeux Noël et de belles fêtes de fin d’année !


  • Festival d'Avignon 2024 - Pascal Paradou (RFI) et Gaël Tchégoun Hounkpatin
  • RFI 2007, avec Anne Blancard, Bernard Schoeffer, Marc Delouvrier et Carmen Bader
  • Dennis Mac Shane à RFI en 2007 avec Pierre Ganz (RFI) et Jean-Michel Demetz (L'Express)
  • RFI Kaboul 2003 Faranguis Habibi Christine Moretton
  • Christian Sotty RFI
  • Hong Kong 1997 - RFI Hélène Da Costa, Anne Corpet, Hervé Guillemot, Denis Chastel, Rosslyn Smith, Frédérique Genot, Marc Minatel.
  • Maison de la Radio, Studio 136.
  • Maison de la radio porte F


50 ans de RFI #6

Michèle Rakotoson et Daniel Brown en 2024

Réponses

  1. Avatar de gardenimpossibly2191ddea6e

    Merci Michèle, et en hommage, le bref kabary prononcé lors de son départ de RFI
    Michèle,
    Chère Michèle,
    Chers confrères et sœurs,
    Bonjour Mesdames messieurs,
    Arahaba Tompokolahy, tompokovavy,
    Tu ne pars pas sans laisser de traces. Nous ne pouvions te laisser partir sans un kabary.
    Je vais m’y lancer, en geste d’affection plus qu’en porte-parole officiel d’amitiés qui sont ici toutes réunies.
    Un kabary, donc, à la malgache, mais que je vais dire en français, et en beaucoup moins long.
    Le kabary, c’est un discours traditionnel qui doit accompagner toute cérémonie importante de la vie des Malgaches, de la naissance au tombeau, et même, au-delà du tombeau, dans la vie éternelle à laquelle les ancêtres, les razana, participent pleinement, en étant toujours réellement vivants dans la communauté.
    Le kabary répond à un schéma très strict, en quatre temps, comme une valse qui n’en finirait pas.
    Premier temps : c’est une profusion d’excuses pour se faire pardonner de prendre la parole. Je dirai donc que rien ne me désignait pour parler ici et maintenant, car je ne suis ni le plus vieux (quoique..) ni le plus titré, ni assurément le meilleur orateur, encore moins le plus beau (quoique…), bref, très bref, si je parle, c’est vraiment parce qu’on me l’a demandé, et que c’eût été déshonneur de refuser aujourd’hui quelque chose à Michèle. Donc, pardon encore de vous imposer de m’entendre, et même pardon de devoir faire court, car je sens bien que je n’ai pas disposé de toutes les armes nécessaires pour m’excuser de parler sans avoir forcément quelque chose à dire de plus beau que le silence.
    Deuxième temps du kabary : c’est une conjuration du tsiny. Le tsiny, mesdames et messieurs, c’est intraduisible, quoiqu’un pasteur protestant illustre, maire de Tananarive, l’a illustré dans un livre célèbre, « le tsiny et le tody dans la pensée malgache », en imageant ces notions comme le blâme qui guette face au mal qui a été fait et la culpabilité face à la mauvaise conduite. Le tody nous rappelle que rien de ce que tu fais n’a pas de conséquences. Pour conjurer le tsiny, je m’engage donc à faire le bien, je professe de mon humilité sans bornes, de mon respect des traditions, de ma crainte d’attirer sur moi – et sur vous – le châtiment qui nous atteindrait tous si nous venions par malheur à enfreindre l’une des multiples règles et interdictions qui régissent l’ordre des choses : ce n’est pas par moi que le tsiny passera. Mais je dois le dire vite.
    Passons donc au troisième temps du kabary : des remerciements et des salutations. Des remerciements interminables, adressés, dans l’ordre bien sûr, à Dieu créateur, à Zanahary, au Seigneur parfumé, Andriamanitra, l’appelle-t-on aussi là-bas, aux saints et aux ancêtres bien sûr, aux gouvernants qui pensent tellement à nous et même à ceux qui n’y pensent pas, aux personnalités présentes ou absentes, toutes ces autorités civiles, civiques et morales qui font une société harmonieuse, ou aspirant à l’être. On salue aussi, abondamment, car ne pas saluer, c’est comme être en colère, de même que ceux qui partent sans dire adieu montrent qu’ils sont fâchés. Des salutations fleuries, à toute l’assistance, en respectant le protocole, en commençant par ceux qui viennent du plus loin, du Tripode par exemple, et en terminant par le septième étage, en commençant par ceux dont la lignée est la plus prestigieuse, et en terminant par ceux dont la réussite est plus récente. J’ai commencé par vous saluer tous, et je peux donc passer au quatrième temps du kabary. Car il est temps.
    &&&
    Car enfin, on aborde le vif du sujet : la raison de cette prise de parole. Et là, surprise, l’ordre strict fait place à une rhétorique de la variation, une accumulation d’images, de métaphores, de symboles et de proverbes, voire de devinettes parfois difficiles à saisir, mais c’est le sport du langage dont les Malgaches sont si friands qu’ils en font des spectacles le dimanche après-midi dans les stades.
    Le kabary est un art de l’allusion, supposant chez l’auditeur une même connaissance de références culturelles partagées. Je ne m’y essaierai donc pas trop en français.
    Pour en donner une idée malgré tout, je vous dirai dans ce quatrième temps que si je ne suis pas à même de fabriquer une grande soubique, je suis toutefois capable d’en faire une petite pour mesurer le riz. Car épi et homme sont ressemblants : l’un et l’autre, chacun à leur façon, produisent : le premier des grains, le second des idées. Michèle, tu vas partir, et tu as produit beaucoup d’idées.
    Tu vas partir, et je n’aurai plus ces petits messages en forme de défis pour répondre à des mises en cause compliquées de certains de nos auditeurs. Mais je ne suis pas celui qui prétend donner des conseils, car je ne suis pas ridicule comme l’aveugle-qui-voit-pour-autrui.
    Triez dans ce que je vous dis : si c’est amer, vous le recrachez, si c’est doux, vous l’avalez.
    ssss
    Un seul conseil : cultiver l’amour là-bas comme ici, car doux est l’amour qui ressemble à du coton : souple et moelleux et jamais il ne se brise. Il est comme l’eau de la grève : on attend qu’elle tarisse, il en vient davantage.
    ssssss
    Tu vas partir, et si nous ne savons pas ce qui t’attend là-bas, nous savons aujourd’hui comment tu es arrivée. L’impudeur nécessaire et créatrice de l’écrivain que tu es nous a fait partager cette traversée, en son temps. Il faudra, avant l’avion, que tu me dédicaces « Elle au printemps ». Là-bas, ce sera « Elle en été », l’été d’ici, l’hiver austral de là-bas. On te souhaite que cet été soit éternel.
    Je pourrais, je devrais ici broder des heures pour honorer le talent des conteurs malgaches, les mpikabary.
    Je renonce. Un proverbe de la première République malgache le disait : « Asa fa tsy kabary » : assez de discours, des actes.
    Donc voici, comme tu vas retraverser l’Océan, andafy à rebrousse-chemin vers ton futur, notre bénédiction à tous, et en guise de viatique symbolique, ce tso-drano, en monnaie locale, déjà.
    Tongava soa an-tanin-drazana.
    Bienvenue sur la terre des ancêtres.
    Soava dia. Bon voyage
    Raloïc

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  2. Avatar de 50 ans de RFI #25 – RFI a 50 ans

    […] importants comme Sony Labou Tansi, Koffi Kwahulé ou Kossi Efoui (voir notre Histoire n°6, La révélation de la culture noire, par Michèle […]

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