RFI, l’émoi du monde
Par Stéphane Geneste
RFI est précisément de vingt ans mon aînée. Celle qui à présent m’emploie, je ne l’ai connue que trop tardivement. Aujourd’hui, je crois pouvoir affirmer que l’on s’apprécie, que l’on s’estime, et que l’on fait partie de la même famille. Ce n’était pas gagné, ce n’est jamais acquis, mais une chose est sûre: c’est précieux et c’est un honneur.
« Dans la famille RFI, je demande le parrain ! »
Le mien est une « voix » de la maison. Lorsque je le rencontre en septembre 2015, cet Européen convaincu équipé de lunettes allègrement colorées est perché en haut de sa vigie, au quatrième étage, avec vue plongeante sur le parvis de la radio. Cette redoutable position lui permet de voir ces femmes et ces hommes, âmes de la famille, aller et venir. Ils deviendront plus tard mes collègues, pour certains des amis.
Banlieusard, fils d’ouvriers
Ce fin observateur, c’est Daniel Desesquelle. Daniel, c’est le premier journaliste qui me fait confiance alors que je ne suis qu’un vieil adolescent de vingt ans. Rêveur, amoureux de la bande FM et biberonné à RTL, à peine remis d’un passage en prépa militaire à Saint-Cyr, je souhaite mordicus parler au micro.
Banlieusard, fils d’ouvriers, je n’ai aucun lien avec ce micro. C’est donc RFI qui m’accueille et qui me fait découvrir ce milieu. Tout de suite, grâce à ce parrain, je suis chez moi, à la maison. Pourtant, je ne connais pas cette antenne.

Le premier souvenir que j’ai d’elle, c’est à l’enfance, devant la télévision familiale. Ce sont les mots d’otages, de retour en France, sur le tarmac de Villacoublay. Bon nombre d’entre eux, libérés, ont raconté avoir pu entendre des messages de leurs proches et prendre connaissance des nouvelles sur les ondes de RFI.
Je suis donc à présent dans ses murs, biberonné par les anecdotes de mon parrain. Durant ces quelques semaines, je prends conscience du « I » de l’acronyme. La dimension internationale me passionne et m’éloigne de l’actualité franco-française. En pleine période du Brexit, je saisis petit à petit les enjeux de cet événement et des autres tout autour de la planète.
« Dans la famille RFI, je demande la mère ! »
Elle a un drôle de nom : actualité ! C’est elle qui me guide. Je la côtoie quotidiennement depuis plusieurs mois, ayant intégré l’École supérieure de journalisme de Lille. Mais en ce mois de septembre 2018, elle est ma boussole.
Les choses sérieuses commencent
Je prends place au cœur de la rédaction de RFI, portant la casquette d’apprenti du service France. Car il ne faut pas l’oublier, c’est bien ce mot qui se cache derrière le « F » de l’iconique acronyme. Et on est loin du traitement de l’actualité française que j’ai l’habitude de lire, de regarder et d’écouter.

Parler à un auditeur à l’autre bout du monde implique de faire le bon choix d’angle (et de sujet a fortiori) pour l’intéresser afin de lui raconter quelque chose qui lui parle, même s’il n’est pas concerné. C’est tout le défi. Et les choses sérieuses commencent, et vite. Crise des Gilets jaunes, Grand débat national… et incendie de Notre-Dame de Paris, élément marqueur de ma « jeune carrière » de journaliste.
C’est donc l’actualité qui vient vers moi, par hasard, voyant de la fumée depuis le dernier étage d’un immeuble du XVe où nous sommes réunis avec des amis. La rédaction m’appelle, je m’empresse de me rendre au plus près du centre de Paris. Le monde entier est là, et RFI en fait partie.
La beauté du métier
Cette soirée place Saint-Michel, en contrebas des deux tours ensanglantées de Notre Dame me bouleverse. Les témoignages des badauds du monde entier sont évidemment poignants. Au fond de moi, l’adrénaline m’empêche de verbaliser cette pensée: c’est la dernière fois que je vois l’édifice.
Mais non, la cathédrale reste debout et finalement, le morceau de nuit que je passe ici revêt la beauté du métier et illustre l’émoi du monde, ce 15 avril 2019.

« Dans la famille RFI, je demande les frères et les sœurs ! »
Maxime le Forestier le chante si bien: « on ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille ». J’ai choisi la rédaction de Radio France Internationale pour m’épanouir et faire mon métier. Ce sont ces collègues, journalistes, animateurs, techniciens, réalisateurs qui m’ont accueilli et qui font aujourd’hui partie de ma famille professionnelle.
Adopté par la famille
Après du reportage un peu partout en France, du desk au deuxième étage, et beaucoup de présentation au studio 31 (ce que j’aime le plus), c’est au service économie, à l’automne 2024, que je pose mes bagages pour de bon. Je suis formellement adopté par la famille. Elle me donne le sourire, elle me permet un épanouissement professionnel qui enjolive ma vie personnelle. Ce sont toutes ces voix – du monde – qui font l’homme que je suis aujourd’hui et c’est RFI qui fait le journaliste que j’ambitionne d’être.

Car si cette famille a vu passer d’honorables journalistes en cinquante ans, j’espère vivement que durant le demi-siècle à venir, elle en verra passer d’autres encore. Surtout, qu’ils soient toujours plus proches et représentatifs de celles et ceux qui nous écoutent. Ne l’oublions jamais : nous nous invitons chez l’auditeur. Et un jour où l’autre, que nous le voulions ou pas, nous faisons aussi partie de sa… famille.
L’auteur

Stéphane Geneste
Né en juillet 1995 à Paris
Juin 2016, stage à RFI
Juin 2017, licence d’économie gestion
Septembre 2017, entrée à l’ESJ Lille
Septembre 2018, entrée à RFI comme apprenti au service France
Novembre 2024, titularisation au service Economie

































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